Roumiana Ougartchinska

KGB & CIE à l’Assaut de l’Europe

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Au dernier salon du livre de Paris, la Bulgarie n’était guère représentée si l’on excepte le livre « KGB et Cie et l’Assaut de l’Europe ». Roumiana Ougartchinska, son auteur, est une journaliste qui vit et travaille en France depuis 20 ans. Elle signe un vrai chef-d’œuvre sur le complot des services secrets de l’Est et de leurs avatars, ce qui inclut notre KDS nationale.

Entretien avec l’auteur du livre [1]

P.V. : Nous sommes tous fiers de votre succès. Pourriez-vous raconter comment l’idée d’écrire ce livre vous est venue et comment elle s’est réalisée ?

R.Ou. : Après la chute du mur de Berlin, les sociétés fondées en Occident avec des capitaux communistes ont commencé à sortir sur le devant de la scène. Au début, les Français ont laissé faire car celles-ci ont créé de l’emploi, ce qui était rentable pour eux. Mais des scandales financiers se sont ensuivis, notamment l’affaire Gigastorage. A l’époque, je travaillais pour le quotidien « Standart » et j’ai mené des enquêtes qui ont révélé des coïncidences surprenantes. Par exemple, il s’est avéré que les membres du conseil d’administration de Gigastorage se recoupaient avec l’équipe du fameux projet d’espionnage baptisé « Neva », auquel avaient participé aussi bien des Russes, que des Bulgares ou des Hongrois. Je disposais d’une solide base de données, lorsqu’il m’a été proposé de donner une conférence sur le thème « La métamorphose des services secrets en Europe de l’Est ». Le succès de cette conférence m’a motivée afin de rédiger le plan d’un livre, plan qui fut immédiatement accepté par les éditions Anne Carrière.

P.V. : Le livre est dédié à Paul Khlebnikov, à tous les journalistes qui se sont retrouvés victimes des services secrets et à ceux qui continuent à présenter des informations au risque de leur propre vie. Croyez-vous qu’en publiant ce livre, vous risquez de devenir la cible des services de renseignement ?

R.Ou. : Je pense que la meilleure assurance-vie pour un journaliste, c’est de publier l’information qu’il a trouvée.

P.V. : Vous représentez la Bulgarie à ce Salon du livre - l’un événements culturels majeurs en Europe -, à un moment où l’image de la Bulgarie est une question épineuse. Les barons officiels de la culture bulgare vous ont-ils adressé leurs compliments pour ce que vous avez accompli pour la patrie ? Les services culturels bulgares à Paris n’ont-ils pas souhaité présenter votre livre devant la diaspora

R.Ou. : Pas le moins du monde. Aucun personnage officiel n’a encore donné son feu vert. Les médias bulgares sont restés apathiques. Quelques-uns m’ont invitée à participer à leurs émissions en Bulgarie. (...)

P.V. : Les indicateurs d’autrefois vous ont-ils envoyé une carte de visite ?

R.Ou. : Je voudrais souligner que ce livre n’est pas dirigé contre les services de renseignement de l’Est, mais contre ceux de leurs membres qui se sont transformés en mafiosi. Ce livre a été écrit contre les réseaux criminels qui empêchent nos pays de se développer. Ceux-ci agissent toujours selon le même scénario visant à discréditer l’émigration et à oppresser ceux qui sont restés au pays. (...)